L'AIGLE ET LA LINOTTE
Un jour, les oiseaux se réunirent afin de désigner celui d'entre eux qui volaient le plus haut.
Le concours commença. Certains s'élevèrent très vite mais furent aussi vite épuisés par leur effort et dépassés par d'autres plus puissants qu'eux. Puis vint l'aigle, et il les surpassa tous.
Il allait fièrement proclamer partout sa victoire lorsque, quittant le dos du rapace, le minuscule oiseau qui si était jusque-là caché, une linotte grise, prit à son tour son essor, sans que nul n'ait deviné le subterfuge et parvint sans peine beaucoup plus haut!
Pour briser le sortilège de son rival, Shawondasee, haletant, souffla comme il put et, le ciel fut envahi de fils d'argent. Mais lorsque ceux-ci se dissipèrent, la belle avait disparu et, avec elle les mille graines finement ailées qui couronnent les fleurs du pissenlit de la prairie !
Quand l'assemblée tint son conseil pour rendre sa sentence, elle s'accorda pour attribuer la victoire à l'aigle.
En effet, il était, d'entre tous, celui qui s'était le plus rapproché du soleil et le seul, de surcroît, à avoir réussi cet exploit en portant sur son dos la linotte.
Nul, à compter de ce jour, ne douta que l'aigle était à la fois le plus courageux et le plus fort des guerriers.
C'est pourquoi ses plumes sont le signe le plus respectable qu'un chef valeureux puisse s'enorgueillir de porter.
L'INVENTEUR DE LA FLUTE OU LE PIVERT
Un jeune homme, qui chassait pour nourrir sa famille, pistait un élan fort rusé. L'animal l'entraîna au plus profond de la forêt.
Le jeune homme perdit son chemin et chercha un endroit où dormir. Il entendit alors un son étrange et mélancolique, un son inconnu. C'était magnifique et très triste.
Le lendemain matin au réveil, le jeune homme entendit un Pic-vert. Ce dernier faisais des trous sur un tronc d'arbre, du bout du bec, qu'il a fort pointu, c'est bien connu.
L'oiseau fit un signe au jeune homme et s'envola vers un autre arbre. Le jeune homme le suivit jusqu'à une forêt de cèdres rouges.
Le Pivert se posa sur une longue branche et y creusa des trous. Le soir venu, quand le vent se mit à souffler, le son mélancolique entendu la veille s'éleva à nouveau et se répandit à travers la plaine.
Le Pivert s'envola. Le jeune homme prit la branche d'arbre et l'emporta jusqu'à son village. Il n'avait pas trouvé de nourriture mais rapportait sa découverte à son peuple
Il souffla dedans, la secoua, essaya de reproduire le son entendu dans la forêt... en vain. Alors il demanda l'aide du "médecine man", le sage du village. Celui-ci lui dit d'aller sur la colline surplombant le village.
Le jeune homme grimpa sur la colline, s'assit et se mit à prier. Le troisième jour, il eut une vision.
Les esprits le visitèrent, il vit le Pivert transformé en homme qui lui montra comment s'y prendre, comment casser la branche de l'arbre, faire les trous et tailler la "siotantka". Le jeune homme sut donc enfin fabriquer la flûte.
En Sioux, "siotantka" signifie "le bois qui chante".